BIOGRAPHIE
Michel MACREAU
Né à Paris, en France, en 1935 et décédé à Laignes, en France, en 1995.
D’abord dessinateur, Michel Macréau travaille comme décorateur dans les ateliers de céramique de Vallauris. À la fin des années 50, il s’installe dans un vieux château inhabité de la Vallée de Chevreuse pour se consacrer totalement à la peinture. Il délaisse le pinceau pour le tube qu’il presse directement sur la toile ou le papier. C’est à ce moment-là que Cérès Franco le rencontre. Elle accompagnera sa carrière jusqu’à la fin de sa vie. Sa collection est riche d’une vingtaine d’œuvres de l’artiste. Michel Macréau est animé d’une sorte de rage de peindre ses obsessions. Sa première exposition personnelle a lieu en 1962 à la galerie Raymond Cordier. C’est un succès : Georges Pompidou achète deux œuvres. En 1969, malgré l’acquisition d’une œuvre par le musée d’Art moderne de la Ville de Paris et le soutien de quelques galeristes, le peintre commence une longue traversée du désert : sans doute jugées trop anti-conventionnelles, ses œuvres ne se vendent plus. Le doute et la dépression sont son lot quotidien, avant qu’il ne connaisse une embellie au début des années 80, moment où émergent des artistes comme Basquiat, qui doivent beaucoup à ce précurseur.
Proche du graffiti urbain par sa spontanéité et sa manière de traiter le support comme un mur, Michel Macréau est volontiers provocateur et déploie sans complexe un univers tentaculaire, où il met en scène des saynètes très personnelles. En pionnier, il associe sur un même niveau personnages, graphisme et écriture. Son style direct et foisonnant suscite à la fois la fascination et le rejet : c’est une sorte de fureur qu’il exprime avec fougue, sans compromis. En précurseur, Michel Macréau explore sans complexe une multitude de supports différents (carton, tissu, bois, drap…). S’y exprimant directement avec des instruments comme le tube ou la couleur, il impose dans ses œuvres un rythme et une spontanéité tout neufs. Un renouveau qui annonce avec vingt ans d’avance des artistes comme Penck, Combas ou Basquiat.
Artiste difficile à classer selon les courants habituelles de l’histoire de l’art contemporain, il s’était fait connaître tantôt comme un épigone du mouvement CoBrA, tantôt comme un représentant marginal de l’art brut – ou encore comme un précurseur de la Nouvelle figuration. Michel Macréau propose des figurations obsessionnelles et choquantes, volontairement naïves, fondées dans le vocabulaire graphique des enfants, des marginaux et des malades mentaux. Il formule, dans une langue d’affichiste qui évoque les graffitis urbains, des thèmes, des angoisses, des nostalgies et des traumatismes parmi les plus intimes. L’artiste maintient toujours dans ses images un équilibre sensible et délicat entre, d’une part, la puissance créatrice picturale et graphique et, d’autre part, une imagination délirante et transgressive, parfois choquante et obsessionnelle.
Ses œuvres sont présentées à de très nombreuses reprises lors d’expositions personnelles et collectives dans le monde entier (Italie, Brésil, Pays-Bas, Allemagne, Danemark). Cérès Franco exposera plusieurs fois son travail dans sa galerie L’Œil de Bœuf (1972, 1974) et au Brésil, lors des expositions Opinião 65 et Opinião 66. Le Musée d’art moderne de la ville de Paris et le Fonds national d’art contemporain possèdent certaines de ses œuvres.